• Les chemins du Temps

    Les Chemins du Temps.

       Après "La Spirale du Temps", retrouvons Martin, le jeune berger du Luberon devenu Maître d'œuvre, une rencontre inattendue va le propulser, après une rude Initiation auprès d'un moine étrange, parmi les plus grands bâtisseurs de cathédrales.

    Il verra, ainsi, l'aboutissement d'années d'efforts, de souffrances et d'itinérances auprès d'Angharad, une jeune femme dont il va tomber amoureux. Une femme de lointaine origine celte, comme lui, la descendance étant assurée elle viendra jusqu'à nous par Jacques, son lointain descendant.

    Nos amis Margaï la cévenole, historienne passionnée par les templiers, et son amoureux Jacques, le compagnon du devoir, forgeron à la retraite, vont être contactés par les Veilleurs, ces personnages hors du temps, venus du Moyen-âge, pour leur confier une mission.

    Au fil de ce roman historique, alternant Moyen-âge et Vingtième siècle, laissons nous emporter sur les Chemins du Temps par nos personnages si attachants.

    Bien qu'étant le second volet de La Spirale du Temps, ce roman peut être lu indépendamment.

     

    Les chemins du Temps

    Ce roman historique est disponible à la vente auprès de l'auteur, et avec plaisir, une dédicace personnalisée sur simple demande. 

    • Sur cette page par la rubrique commentaires ou contacts ou par mail : calypso-13@hotmail.com
    • Ou sur la plateforme d'Amazon mot clé : Jean Luc Fontaine + titre du roman.

     Retrouvez-moi sur Facebook, ici : https://www.facebook.com/jeanluc.fontaine.1253 

    Extrait 1:

    La montagne barrait l’horizon, blanche et semblant infranchissable.

       — Lorsque nous arriverons à Gavarnie, les amis, il faudra trouver un berger et lui acheter des peaux de mouton, la cape et nos surcots ne suffiront pas à nous protéger du froid.

    Nous allons passer par des cols enneigés, traverser des torrents boueux et chargés des eaux de la fonte des neiges. 

       — Moine, est-ce bien la route des Jacquaires ou est-ce ta folie de nous mettre à l’épreuve qui fait que nous passons par la montagne ? 

       — Au printemps et en été, c’est la route des Jacquaires en effet, pour nous ce sera une épreuve, pas seulement pour toi Martin, pour moi aussi, une épreuve de volonté. Mais par le col de Boucharo nous serons très vite en Aragon, nous économisons plus de cinquante lieues.

       — Mon bon sens paysan me dit que ce seront des économies payées au prix fort, ajouta Aymeric.

       — Nous y verrons aussi la trace laissée par nos anciens…gravée dans la pierre.

    Ils entrèrent dans le village, les maisons, basses et encore ensevelies sous la neige, étaient serrées les unes contre les autres, rien, hormis de la fumée sortant des cheminées n’indiquait qu’il y avait de la vie. Le Gave qui traversait le village roulait des eaux tumultueuses, il fallait crier pour s’entendre. La soirée avançait et sa complice la nuit allait arriver rapidement avec son lot de difficultés, il fallait se diriger rapidement vers l’église tenue par une poignée de moines-soldats qui accueillaient les pèlerins allant sur le tombeau de saint Jacques.

    Hugues se déplaçait en silence, il montra du doigt la tour carrée signalant l’église Notre-Dame-du-Bon-Port où ils allaient être reçus.

    Quand il toqua à la solide porte de bois, surmontée d’une arcature dont le linteau était orné d’un chrisme de grande dimension, ils surent qu’ils seraient bien accueillis.

       — Je suis Hugues…

    Le frère portier s’effaça et les trois compères entrèrent, il sembla à Martin, que le moine convers qui venait de les recevoir en silence, avait souri à Hugues, comme un sourire de plaisir de le revoir.

    Aucune pieuse dame ne les dépouillât de leurs hardes, personne ne les fit plonger dans un bain d’eau chaude, leurs poux et vermines diverses se mêlèrent à ceux vivant bien à l’abri dans ces murs. Hugues en parut satisfait.

    Martin et Aymeric s’installaient dans le dortoir mis à leur disposition. Les bottes dégoulinantes rendaient leur trop plein de flotte malodorante.

    Hugues avait rapidement disparu, emmené par le moine portier vers le Templier, commandeur de cette petite communauté.

    Ils eurent droit à une couche à même le sol où la paille n’était pas si vieille qu’il semblait. Les moines-soldats qui recevaient ici les pèlerins en chemin pour le Campus Stellae savaient combien il leur faudrait de force pour franchir la montagne, le port de Boucharo, col autorisant le passage vers le royaume d’Aragon ne se laissant pas facilement gravir.

    Le moine, bienveillant, leur avait dit :

       — Ici, sur ce passage, le pèlerin ne sait jamais si la tourmente, le froid et la faim ne le laisseront pas mort sur le bord du chemin. Le loup, l’aigle ou l’ours se régaleront-ils de sa carcasse ? Notre mission en ce monde, c’est l’amour du prochain, c’est la fumée blanche qui sort de notre cheminée et qui annonce qu’ici, le pèlerin y trouvera une soupe chaude, une bûche qui flambe dans la cheminée et l’amour du Seigneur.

    Pendant que le moine leur parlait, d’autres s’étaient rapprochés pour écouter ces paroles de paix et d’amour du prochain. Aymeric affichait un sourire de gamin heureux.

       — Je te vois sourire, jeune Aymeric, je prends cela comme un remerciement, et de sa main tendue il dessina dans la faible clarté de l’oustal, une discrète bénédiction.

    (Oustal = maison, logis, refuge, en occitan. N.d.A)

    La soupe d’épeautre, épaisse et parfumée avait tenu ses promesses, les estomacs de nos amis étaient repus.

    Allongés sur la paille du dortoir, les trois hommes prenaient un repos bien mérité. Un calen, posé sur une bordure de pierre, diffusait une lumière vacillante.

       — Maître, demanda timidement Aymeric, ce symbole, sur le linteau de l’église, quelle est sa signification ? c’est étrange, quand je l’ai vu, j’ai su tout de suite que nous serions en sécurité, ici.

       — C’est le plus vieux symbole du christianisme, Aymeric, il est composé des deux premières lettres grecques du mot Christ, Χριστός, le X et le P apposés l’un au-dessus de l’autre, sur les côtés tu trouves aussi quelquefois les lettres α et Ω, l’alpha et l’oméga, symbolisant le début et la fin. Parfois, ajouté à ces symboles, tu y trouveras le serpent, tu en connais la signification. Il est dit que ce serait l’empereur romain Constantin Ier qui l’aurait adopté en premier. La légende raconte qu’en 312, durant la bataille du Pont Milvius qui l’opposait à Maxence, Constantin Ier aurait vu le Chrisme apparaître en rêve, accompagné de ce message « In hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras. N.d.A.). 

    à suivre...

    Extrait 2 :

       Délaissant boutiques à souvenirs et animations se voulant moyenâgeuses, Jacques les dirige vers le cimetière templier, le rêve de cette nuit, le contact avec le Templier est encore frais dans sa mémoire.

    Là où, la veille, il avait eu cette vision du vieil homme assis, ils montent les marches taillées dans la roche et se retrouvent devant l’église Saint-Christol et tout à côté la petite esplanade où émergent encore quelques pierres levées en formes de disques, gravées de symboles bien effacés par le temps. Une de ces pierres discoïdales l’attire comme un aimant.

       — Est-ce celle que le Templier m’a dit être la sienne ? 

       — Impossible de le savoir chéri, mais ton visiteur nocturne repose sous nos pieds depuis presque sept cents ans, s’il est venu à ta rencontre c’est que sa tombe est là, visible, et que l’on peut y prier. Que ce soit celle-ci ou une autre ça n’a aucune importance, il est ici et là, il est partout dans ce petit cimetière où le temps et les hommes ont tout chamboulé. Ton Veilleur ne pouvait parler ni regarder une femme, mais moi maintenant je le peux. Laisse-moi me recueillir un instant, tu sais l’admiration que j’ai pour eux. Je voudrais tant qu’il m’insuffle une partie, même infime, de la volonté et de la force qui étaient la leur. Ces hommes étaient incroyables…

    Après un moment de silence elle se tourna vers Jacques et expliqua :

       — Regarde bien chéri, même si avec le temps et les aménagements qui ont passablement modifié les lieux, les stèles sont quasiment toutes alignées dans le sens est-ouest. Celles qui ne le sont pas ont été vraisemblablement remises en terre ultérieurement quand le site a été réaménagé sans précautions pour être voué au tourisme. Ces stèles discoïdales marquent l’emplacement des sépultures Templières, ici à la Couvertoirade. Mais nous en trouvons beaucoup en pays Basque, bien que sans lien apparent avec l’Ordre du Temple. Le Templier était enseveli dans la sarpillère (Linceul de grosse toile. N.d.A), sans cercueil, la fosse devait mesurer six pieds de long et autant de profondeur pour éviter toute profanation ultérieure. La forme carrée ou rectangulaire de la fosse et la forme circulaire de la stèle symbolisaient le passage du terrestre vers l’au-delà. Le même symbolisme que tu m’as montré dans l’église de Thines, le passage du carré Terrestre au cercle Divin. Elles sont toutes orientées, est-ouest, comme les églises cisterciennes. Le symbolisme est parfait le défunt étant orienté dans l’axe du levant, vers là d’où vient la Lumière et pour les Chrétiens, la Lumière vient de Dieu.

    Elle reste un instant songeuse et ajoute :

       — Pour les Chevaliers morts en Terre Sainte, sais-tu comment les corps étaient rapatriés ? L’art de l’embaumement ayant été perdu, ils ne ramenaient que les ossements, ce qui présentait des facilités pour le transport. Le corps était plongé dans un chaudron où il était mis à bouillir jusqu’à ce que les chairs se détachent des os. Ils ne rapportaient plus que des ossements. En 1300, le pape Boniface VIII y mit un terme en qualifiant cet acte de « détestable barbarie », aurait-il préféré que les moines-soldats soient oubliés en terre non chrétienne ? mais il est vrai que la fin de l’Ordre du Temple est en cours, il est bon de le discréditer.

    Il sent que sa chérie est ici dans son élément, elle visionne de ses propres yeux tout ce qu’elle connaît de l’ordre du Temple, dans le moindre détail.

    Ils se sont approchés de l’église, elle ne date pas des Templiers mais a été construite sur les bases de la chapelle du même nom, bien construite par les Frères du Temple un bon siècle auparavant. Ce qui l’attire, c’est ce qu’il veut montrer à sa femme dans le mobilier moderne de cette petite église.

       — Regarde, ne vois-tu rien qui t’interpelle ?

       — Oh mais bien sûr, je ne vois que ça, cette belle spirale en métal doré tout à côté de l’autel, ton signe compagnonnique, ça alors, quelle coïncidence !

    C’était dit sur un ton qui laissa Jacques interloqué un moment, Margaï riait.

       — J’ai comme l’impression que tu te moques de moi.

       — J’avoue, oui ! Je me moque, tu me l’as dit cent fois chéri, quand tu m’as raconté ton périple en solitaire.

       — Dis tout de suite que je radote.

    Il se vengea d’une tape sur les fesses qui la fit glousser de rire.

       — Viens, allons sur les remparts, il y a une vue extraordinaire sur le Causse, je vais te montrer mon païs vu d’en haut.

    Margaï est dans son domaine de prédilection, elle sait tout des Templiers et de leur Ordre et son amour pour le causse, quel que soit son nom, Larzac, Noir, Méjean ou Sauveterre, est infini.

       — A perte de vue, chéri, s’étendaient les domaines tenus par les paysans qui travaillaient pour les Templiers, ils y élevaient des chevaux en quantité pour leurs moines-soldats et leurs sergents d’armes, des brebis en troupeaux immenses, des vaches…Ils ont irrigué ces paysages austères, créé des pâtures, bref, ils ont fait de ces terres ingrates, « une pompe à fric », comme disent les jeunes aujourd’hui. Les commanderies finançaient les croisades, c’est qu’il en fallait de l’argent. 

    Il serre sa femme contre lui, un bras autour de la taille, une main sur sa hanche. Il se penche vers elle et appuie sa tête contre son épaule.

       — Que je suis bien avec toi !

       — Tu sais…j’avais quelques craintes avant de revenir ici, dans cette région, j’y ai tant de mauvais souvenirs, mais grâce à toi, tout est effacé, tu m’en donnes une autre vision par ta seule présence, elle hésite puis ajoute, c’est un peu comme après un exorcisme, je suis en train de revivre. Enfin je peux ressentir ce que je voulais y trouver, ma vie privée ne m’en masque rien. Tenir ta main et être en communion avec ces lieux, c’est le bonheur pour la femme et l’historienne que je suis.

       — Tu ne crains plus rien, plus personne ne te fera de mal, je le jure.

       — Je le sais.

    Parfois, un regard, une attitude, suffit à tout dire, ils avaient déjà trop parlé, tout avait été dit bien avant, dès le premier jour de leur décision de ne plus jamais se quitter.

    Le lendemain, ils levèrent le camp de bonne heure, la journée s’annonçait belle ...

    à suivre...

    Les chemins du Temps

     

     

     

    « La révolte des muletiersle dernier d'André Trives »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :