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  • Le berger du Garlaban

    Dans le milieu du XIXe siècle, un jeune berger rentre de la guerre de 1870, natif des Alpes maritimes il pose son sac en Provence, à Marseille, puis dans les collines du Garlaban.

    Berger un peu poète, il va, tout au long de sa pauvre vie, graver les dalles de calcaire en gardant son troupeau de moutons.

    Il y laissera le témoignage de ses états d'âme, de ses rares joies, de son désespoir aussi, en 1879 il gravera une dalle de  cet épigraphe "ici en 1879 j'ai passé un hiver martyre".

    Le berger du Garlaban

    Marchons dans les collines du massif, allons rencontrer ce berger probablement un peu naïf, mais toujours sincère et honnête.

    Le berger du Garlaban, roman d'inspiration libre est tiré de l'histoire vraie de Bienvenu Pèbre, berger, qui nous a laissé de nombreuses gravures dans le massif.

    Le berger du Garlaban

     Ce roman "de nos collines", illustré de nombreuses photos est disponible à la vente auprès de l'auteur, et avec plaisir, une dédicace personnalisée sur simple demande. 

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    Un extrait

    Bienvenu, débarquant du train, décide de poser son sac à Marseille :

    Quand la locomotive, crachant des volutes de fumée noire, entre sous la coupole de la rotonde circulaire de soixante-quinze mètres de diamètre de la gare Saint-Charles, il en reste ébloui, d’ici partent trente-six voies rayonnantes, sous une verrière magnifique aux montants d’acier ouvragé.

       — Mais où suis-je arrivé ? 

    Arrêt brutal du train, au coup de sifflet magistral du chef de gare, les portières s’ouvrent et tout le monde descend avec plus ou moins de facilité mais avec empressement. Les voix, les cris, sur le quai, lui disent qu’il est revenu dans le sud, l’accent est chantant, ici en Provence, même en s’engueulant, les gens semblent jouer la comédie. Dans les wagons de première classe, les belles dames issues de la haute bourgeoisie voire de la noblesse, vêtues à l’ancienne mode de robes à crinoline, sont aidées par les employés du P.L.M. qui s’empressent. 

    Les amples robes des dames restent coincées dans les portières bien trop étroites, même combat pour les chapeaux qui dégringolent des têtes altières devant se courber pour pouvoir s’extraire du wagon.

       — A partir d’ici, l’aventure commence, se dit Bienvenu emporté dans le tourbillon des passagers qui se précipitent en direction de la sortie, vers les bras accueillants d’un être aimé, d’un parent ou d’un ami. Les cochers fouettent les chevaux, en peu de temps l’esplanade du plateau Saint-Charles est redevenue déserte.

    Seul, avec son maigre baluchon, il descend le long chemin tortueux qui se faufile entre les bâtiments austères, ruelles en forte pente qui se dirigent vers le centre de la ville. 

    (La gare Saint-Charles, inaugurée en 1848, n'a alors pas d'accès direct au boulevard d'Athènes, il faut contourner les bâtiments du Petit Séminaire. Il faudra attendre 1927 pour que l’escalier monumental permette cette communication et donne à la grande gare Saint-Charles toute sa majesté. N.d.A.).

    Rapidement il se trouve sur une très grande et belle artère de trente mètres de large, il est dans la rue Cannebière, grouillante de vie, parcourue par un charroi incessant de chevaux tirant charrettes utilitaires ou de coquets buggies. Les Grands Cafés reçoivent une clientèle aisée et oisive qui vient se montrer dans ces établissements à la mode. Belles Dames chapeautées et aux vêtements mettant en valeur la cambrure des reins, messieurs en costumes noirs à jaquette longue et chapeaux hauts de forme descendent des calèches et s’y dirigent, un portier les accueillant avec respect.

    La rue Cannebière en cette fin de journée est l’endroit où il faut se montrer.

    (La rue Cannebière sera prolongée jusqu’à l’église Saint-Vincent de Paul, dite des Réformés, et se nommera Canebière seulement à partir de 1927, sur décision du Conseil Municipal. N.d.A.)

    Sur les larges trottoirs, il admire avec un peu d’amertume les élégantes au bras de ces messieurs à moustaches cirées et barbiche taillée en pointe, selon la mode lancée peu auparavant par l’empereur.

    Amertume car son esprit simple mais cartésien doublé de son bon sens paysan, lui glisse à l’oreille qu’ici, il n’est pas dans son monde, s’il veut trouver logement et pitance accessibles à sa bourse, il doit filer bien vite vers les ruelles plus sombres et probablement nettement moins propres, pour cela, pas besoin de plan de la ville.

    La magnifique rue Cannebière jouxte, à un jet de pierre, des rues bien moins lumineuses et peu fréquentées par les bourgeois voulant parader au bras d’une belle.

    Rues sombres, étroites et sordides, ne manquent pas, ici et là des femmes en tenue sans équivoque sont assises à califourchon sur des chaises de paille, outrageusement fardées elles distribuent des œillades coquines invitant « à monter », des enfants mendient une piécette mais sont prêts à détrousser le chaland avant de partir en courant. Il n’est plus dans un monde de fanfreluches, dans ces rues, la vie se gagne durement.

    Il s’est rapproché du port, en évitant l’axe principal. Les ruelles se croisent, toutes plus étroites les unes que les autres et où le soleil légendaire de Provence n’entre pas souvent.

    Un établissement gris et sale, une façade à la peinture écaillée, une pancarte indiquant qu’ici, on loge pour pas cher mais où il est précisé, « paiement comptant et d’avance ». Il entre, le prix correspond à ses possibilités. 

    Il aura un lit et un toit sur la tête dans une sorte d’hôtel où le miséreux en recherche d’un gîte pour la nuit, côtoie la chambre qui voit passer, à longueur de journée, les filles de joie ayant embarqué un marin faisant escale et en manque de caresses.

    La chambre, sans soleil, offre un lit misérable, un seau pour y faire ses besoins et qu’il devra descendre lui-même tous les matins lors du passage de la Tinette. Une cuvette à l’émail ébréché et qu’il doit remplir à la fontaine dans la rue lui permet une toilette sommaire. 

    En entrant dans la chambre, il pense :

       — Puces et punaises sont comprises dans le prix.

    Au rez de chaussée, le bar enfumé abrite un tripot où se jouent des parties de cartes qui se terminent bien souvent, tard dans la nuit, à coups de crans d’arrêt, quelquefois de révolvers.

    Bienvenu, n’est pas non plus de ce monde, mais au moins, pense-t-il, celui-ci est à la portée de sa bourse.

       — Je vais faire l’idiot du village, et tous me foutront la paix. Même ces filles, si tentantes qui essaient de m’attirer dans leurs bras, le temps d’une passe, je n’ai pas les moyens…elles m’aguichent mais je dois résister.

    Dès la première nuit, allongé sur son lit, dans cette chambrette d’où il entend le sommier grincer à intervalles réguliers dans la pièce voisine sous les coups de butoir du « marin en goguette » qui s’acharne sur une pauvre fille, il pense :

       — C’est ici que tu veux vivre Bienvenu ? toi dont le rêve était de garder les brebis dans les grands espaces des pâtures de montagne, respirant un air pur, buvant l’eau des sources, les yeux dans les étoiles ?

       — Pas si sûr, lui répond une petite voix aux accents bienveillants, tu n’es que de passage.

    Tous les matins, quand il part chercher du travail, la tenancière, derrière son comptoir, l’interroge du regard, il acquiesce et elle frotte son index contre son pouce, geste que tout le monde comprend immédiatement : « paye d’avance ta prochaine nuit mon garçon ! ».

    Ce matin, le temps est lumineux, un petit Mistralou balaie les miasmes des entours du port et fait voleter les jupons des filles. Bienvenu a le ventre creux mais il est confiant. 

    Il erre sur les rives du Lacydon, là où il y a de la vie laborieuse, donc de l’embauche. Son bras blessé lui fait encore mal, et bien que ce soit le gauche, il se sent tout de même diminué, ne pouvant accepter les travaux de force, li rabeirou, les portefaix, sont demandés chaque jour sur le port, mais il sait qu’il ne tiendra pas une journée entière à porter des sacs sur le dos pour décharger les grands navires qui sont amarrés.

    La mer lui fait peur, il ne la regarde que du coin de l’œil et seulement s’il ne peut faire autrement, alors de là à penser à s’embarquer…il n’y songe même pas, pourtant il y a de l’embauche.

    Il a faim, son ventre gargouille de désir en arrivant au coin du quai où li pessounièro, les poissonnières, volubiles et n’ayant pas leur langue dans la poche, hèlent la jeune servante venue faire les courses pour sa patronne et, à grands cris, envoient sur les roses la bourgeoise qui ose chipoter sur la fraîcheur du poisson. 

    Plus loin, les partisanes, ces revendeuses de fruits et légumes offrent au chaland, des paniers d’osier qui regorgent de produits du soleil, jamais de sa vie, il n’en a vu autant en un seul regard. Salades bien vertes, choux dodus, les teintes éclatantes des radis, carottes, navets et poumo d’amour, rivalisent de couleurs avec les pêches et abricots…Bienvenu ne sait plus où porter le regard…

       — C’est ça, une grande ville, et encore je n’ai pas tout vu !

    Une orange cabossée vient de rouler au sol, est-elle tombée, ou jetée volontairement ? il se précipite et, interrogeant la marchande du regard, il attend pour y croquer dedans.

       — On dirait que tu as faim, mon beau, lui dit-elle en riant.

       — Je n’ai pas mangé depuis hier soir, je dois économiser pour payer mon logement, je cherche du travail, mais avec mon bras, ce n’est pas facile.

    La partisane, son arrosoir à la main suspend son geste, elle était en train de rafraîchir ses laitues qui, avec ce soleil, font rapidement le mourre.

    Un coup d’œil sur sa vieille tunique de soldat la renseigne.

       —Tu reviens de la guerre ? 

       — Oui, j’étais prisonnier en Allemagne, je viens d’être rendu à la vie civile.

       — Tu faisais quoi, avant ? elle regarde le fruit abîmé et en souriant ajoute, eh vouaï, vas-y mange là cette arange, tiens, petit, prends aussi cet ambricot, regarde comme il est juteux et plein de soleil, c’est cadeau.

       — Je n’ai jamais mangé d’orange, c’est même la première fois que j’en vois une. 

       — Sur le port, mon bèu, tu trouveras de tout, et si tu es malin, ce sera pour pas cher.

    La partisane est une de ces femmes à forte personnalité, ce sont des travailleuses acharnées, elles achètent aux paysans des alentours de Marseille les fruits et légumes et les revendent, pour leur compte, aux ménagères marseillaises.

    Oranges et citrons, quant à eux, sont débarqués des navires et, chaque dimanche, la douane étant fermée, les capitaines organisent une vente sauvage et clandestine à ceux qui, montant à bord, devront se contenter de se remplir le ventre, aucun panier ni banaste n’est toléré, mais les femmes ont de grandes poches dissimulées dans leurs tabliers.

    La revendeuse semble âgée d’environ quarante-cinq ans, les épaules et les hanches larges, la main rude de manipuler les charges, la voix claire et forte, les cheveux noirs de jais laissent apercevoir sous un fichu noué à la hâte, des oreilles où pendent de beaux anneaux d’or, à son cou, largement découvert, brille un collier à belles mailles, lui aussi en or. Elle le regarde avec des yeux gourmands.

       — Merci madame…

       — Tout le monde m’appelle Misè Anjounelle, alors…fais pareil.

    (Misè, nom donné, en Provence, à une femme de caractère, souvent seule, veuve ou restée fille, c’est une marque de respect. N.d.A)

    Elle le fixe, plonge son regard dans le sien, elle le jauge de la tête aux pieds, admire sans trop le montrer, la belle musculature et les épaules larges, elle pense « si le reste est à l’avenant, je serai pas perdante », elle hésite.

       — J’aurais peut-être quelque chose à te proposer mon mignon.

       — Si vous pensez que je peux…

       — Oui tu pourras, moi j’y arrive bien, alors toi, costaud comme tu es je me fais pas de souci, mais je te préviens, je suis pas riche, je pourrai pas te payer, mais je te nourris et je te loge, en échange tu devras aller jusqu’à Allauch avec mon charreton, en fin d’après-midi plusieurs fois par semaine. Tu iras chercher mes produits chez le paysan qui me fournit. Il me faut les vendre ici, dès le lendemain à la première heure où tu m’aideras à arranger mon étal et mes banastes, qu’en dis-tu ? Tu économises le manger et le logement, c’est comme si je te payais.

       — Je crois que vous êtes la fée que j’attendais.

    Elle éclata de rire et lui lança, à la volée, un autre abricot.

       — Vaï, tu pourras manger tous les fruits que tu veux, mon bèu. Allez, viens, je t’esplique ce que j’attends de toi et on fait la pache, comme les hommes ! 

    Elle rit de plus belle, accompagnée des rires des pessounièro, portëris, et autres repetièro qui n’ont rien perdu de cet échange.

    (Poissonnières, porteuses à la demande et revendeuses en tous genres. N.d.A.)

    L’une d’entre elles, la langue bien pendue, dit à sa voisine, sans même baisser la voix :

       — Et en prime le minot il aura le lit garni, què ! L’Anjounelle, eh bè, elle aura pas froid aux pieds, il a pas dû avoir beaucoup de femmes depuis qu’il est parti à la guerre elle va passer des nuits courtes mais agitées la Misè Anjounelle !

       — Oh que sûr, dit l’autre, tu penses bien qu’elle ne lui offre pas le gîte et le couvert juste pour pousser son charreton. Elle pourrait être sa mère mais, bon, comme on dit, hein « tout ce qui rentre fait ventre » elle va avoir les yeux qui parpelègent le matin, O’ purge, si y’avait pas mon vieux mari à la maison, je l’aurais bien embauché, moi ce grand bédigas, il est beau comme un cœur et ses yeux, dis, tu as vu ses yeux de chien triste ? O’ fan je craque ! Elles partirent alors d’un gros rire qui fit tressauter leurs poitrines généreuses mal contenues dans des blouses largement échancrées.

     

    Misè Anjounelle et Bienvenu, se serrèrent la main, l’accord était conclu.

    Bienvenu en homme ayant grandi dans les montagnes de l’arrière-pays, se disait en son for intérieur que jamais, oh non jamais, dans son village et même à Guillaumes, une femme, seule de surcroît, n’aurait osé parler à un homme sans baisser le regard. Jamais elle n’aurait eu le culot de lui serrer la main comme le font maquignons et éleveurs.

       — Les temps changent est-ce que ce sont les effets de cette guerre, l’approche de ce fameux vingtième siècle dont on parle tant ou de la République ? un peu de tout peut-être, ou alors c’est moi qui ne suis pas à ma place, les marseillais se sont montrés exemplaires en créant la Ligue du Midi, on m’avait dit qu’ils étaient braillards, coléreux, frondeurs et fainéants, je constate que c’est vrai, sauf pour la fainéantise, il n’y a qu’à voir ici, sur les rives de ce Vieux-Port, la vie laborieuse qu’il y a. Par contre, la discrétion et la réserve, ils ne connaissent pas, et les femmes ne sont pas en reste. Je ne vais pas m’en plaindre, cette Anjounelle un peu effrontée vient de me sortir de ma peine, et je dois bien l’avouer, qu’une femme regarde les hommes droit dans les yeux, moi j’aime bien.

    Il soliloque seul, assis sur une bite d’amarrage, devant le beau bâtiment de l’Hôtel de Ville, face au port, face aux navires amarrés mais prêts à partir pour d’autres horizons. Elle lui a donné rendez-vous ici en début d’après-midi, ils iront ensemble chez le maraîcher, route d’Allauch.

       — Attends-moi à deux heures, devant l’Hôtel de Ville. 

    (A Marseille, comme en Provence, on ne dit pas quatorze heures, mais deux heures et à midi, c’est le dîner et le soir le souper, comme du temps du roi Louis XIV. N.d.A.)

       — A midi je ferme boutique, je monte chez moi, je mange un bout, je dors une heure et je te rejoins avec le charreton, nous irons ensemble, il faut que je te montre la route et que je te présente à maître Tyran puis on rentre. Tè ça me fera des vacances de pas avoir à tirer la carriole chargée. Demain matin, tu quittes ton hôtel pouilleux et après les deux coups du clocher des Accoules, tu viens à la maison chercher la carriole et tu commences ton travail, ça te va ? le soir tu couches sous mon toit, je t’aurai préparé une paillasse dans un cafoùtchi. 

    Il avait acquiescé. Un sourire aux lèvres, il avait osé ajouter :

       — Vous êtes une personne qui sait ce qu’elle veut, dans mon pays les femmes ne sont pas aussi autoritaires et déterminées, ne vous vexez pas, de ma part c’est un compliment. Il se dit partout que dans ce vingtième siècle qui approche, le monde va changer, depuis que je suis ici, je le crois volontiers, vous êtes même en avance…

       — Et encore, mon bèu, t’as pas tout vu, à Marseille les femmes sans mari, sont obligées d’avoir du caractère…enfin celles qui veulent pas finir comme les radasses à marins de ton hôtel. Ici on dit : « Leis homès fan lei leis et lei fremos, lei mœurs » 

    (Les hommes font les lois, les femmes les mœurs. En vieux provençal de Marseille du XVIIIème siècle. N.d.A.)

       — Allez, file, on fait les basaruto et je rate des ventes, profites-en pour te repérer dans les rues du quartier en face, il s’appelle le Panier, c’est là que je vis. Je suis en haut de la rue des Muettes, depuis l’Hôtel de Ville tu montes la rue de la Prison, en haut à gauche, la montée des Accoules, les escaliers qui vont vers la rue des Moulins et tout de suite à gauche, la rue des Muettes, au carrefour avec la rue du Panier, c’est là, la maison avec la porte bleue, y’a mon nom dessus. Ah j’ai failli oublier, tu as un chapeau de paille à large bord ? je t’en apporterai un, le soleil cogne sur les chemins.

       — Si j’ose…la rue des Muettes, euh, ni vous ni vos comparses ne le sont, c’est de l’humour ?

       — Les femmes, les soirs d’été, ont pris depuis longtemps, l’habitude de barjaquer entre elles en prenant le frais, un jour quelqu’un a dit : « Aqui la carriero deis mutos, voilà la rue des muettes ! », les rues de mon quartier ont toutes des noms qui ont une histoire, vraie ou exagérée...

    à suivre.

     

     


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  • Les Chemins du Temps.

       Après "La Spirale du Temps", retrouvons Martin, le jeune berger du Luberon devenu Maître d'œuvre, une rencontre inattendue va le propulser, après une rude Initiation auprès d'un moine étrange, parmi les plus grands bâtisseurs de cathédrales.

    Il verra, ainsi, l'aboutissement d'années d'efforts, de souffrances et d'itinérances auprès d'Angharad, une jeune femme dont il va tomber amoureux. Une femme de lointaine origine celte, comme lui, la descendance étant assurée elle viendra jusqu'à nous par Jacques, son lointain descendant.

    Nos amis Margaï la cévenole, historienne passionnée par les templiers, et son amoureux Jacques, le compagnon du devoir, forgeron à la retraite, vont être contactés par les Veilleurs, ces personnages hors du temps, venus du Moyen-âge, pour leur confier une mission.

    Au fil de ce roman historique, alternant Moyen-âge et Vingtième siècle, laissons nous emporter sur les Chemins du Temps par nos personnages si attachants.

    Bien qu'étant le second volet de La Spirale du Temps, ce roman peut être lu indépendamment.

     

    Les chemins du Temps

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    Extrait 1:

    La montagne barrait l’horizon, blanche et semblant infranchissable.

       — Lorsque nous arriverons à Gavarnie, les amis, il faudra trouver un berger et lui acheter des peaux de mouton, la cape et nos surcots ne suffiront pas à nous protéger du froid.

    Nous allons passer par des cols enneigés, traverser des torrents boueux et chargés des eaux de la fonte des neiges. 

       — Moine, est-ce bien la route des Jacquaires ou est-ce ta folie de nous mettre à l’épreuve qui fait que nous passons par la montagne ? 

       — Au printemps et en été, c’est la route des Jacquaires en effet, pour nous ce sera une épreuve, pas seulement pour toi Martin, pour moi aussi, une épreuve de volonté. Mais par le col de Boucharo nous serons très vite en Aragon, nous économisons plus de cinquante lieues.

       — Mon bon sens paysan me dit que ce seront des économies payées au prix fort, ajouta Aymeric.

       — Nous y verrons aussi la trace laissée par nos anciens…gravée dans la pierre.

    Ils entrèrent dans le village, les maisons, basses et encore ensevelies sous la neige, étaient serrées les unes contre les autres, rien, hormis de la fumée sortant des cheminées n’indiquait qu’il y avait de la vie. Le Gave qui traversait le village roulait des eaux tumultueuses, il fallait crier pour s’entendre. La soirée avançait et sa complice la nuit allait arriver rapidement avec son lot de difficultés, il fallait se diriger rapidement vers l’église tenue par une poignée de moines-soldats qui accueillaient les pèlerins allant sur le tombeau de saint Jacques.

    Hugues se déplaçait en silence, il montra du doigt la tour carrée signalant l’église Notre-Dame-du-Bon-Port où ils allaient être reçus.

    Quand il toqua à la solide porte de bois, surmontée d’une arcature dont le linteau était orné d’un chrisme de grande dimension, ils surent qu’ils seraient bien accueillis.

       — Je suis Hugues…

    Le frère portier s’effaça et les trois compères entrèrent, il sembla à Martin, que le moine convers qui venait de les recevoir en silence, avait souri à Hugues, comme un sourire de plaisir de le revoir.

    Aucune pieuse dame ne les dépouillât de leurs hardes, personne ne les fit plonger dans un bain d’eau chaude, leurs poux et vermines diverses se mêlèrent à ceux vivant bien à l’abri dans ces murs. Hugues en parut satisfait.

    Martin et Aymeric s’installaient dans le dortoir mis à leur disposition. Les bottes dégoulinantes rendaient leur trop plein de flotte malodorante.

    Hugues avait rapidement disparu, emmené par le moine portier vers le Templier, commandeur de cette petite communauté.

    Ils eurent droit à une couche à même le sol où la paille n’était pas si vieille qu’il semblait. Les moines-soldats qui recevaient ici les pèlerins en chemin pour le Campus Stellae savaient combien il leur faudrait de force pour franchir la montagne, le port de Boucharo, col autorisant le passage vers le royaume d’Aragon ne se laissant pas facilement gravir.

    Le moine, bienveillant, leur avait dit :

       — Ici, sur ce passage, le pèlerin ne sait jamais si la tourmente, le froid et la faim ne le laisseront pas mort sur le bord du chemin. Le loup, l’aigle ou l’ours se régaleront-ils de sa carcasse ? Notre mission en ce monde, c’est l’amour du prochain, c’est la fumée blanche qui sort de notre cheminée et qui annonce qu’ici, le pèlerin y trouvera une soupe chaude, une bûche qui flambe dans la cheminée et l’amour du Seigneur.

    Pendant que le moine leur parlait, d’autres s’étaient rapprochés pour écouter ces paroles de paix et d’amour du prochain. Aymeric affichait un sourire de gamin heureux.

       — Je te vois sourire, jeune Aymeric, je prends cela comme un remerciement, et de sa main tendue il dessina dans la faible clarté de l’oustal, une discrète bénédiction.

    (Oustal = maison, logis, refuge, en occitan. N.d.A)

    La soupe d’épeautre, épaisse et parfumée avait tenu ses promesses, les estomacs de nos amis étaient repus.

    Allongés sur la paille du dortoir, les trois hommes prenaient un repos bien mérité. Un calen, posé sur une bordure de pierre, diffusait une lumière vacillante.

       — Maître, demanda timidement Aymeric, ce symbole, sur le linteau de l’église, quelle est sa signification ? c’est étrange, quand je l’ai vu, j’ai su tout de suite que nous serions en sécurité, ici.

       — C’est le plus vieux symbole du christianisme, Aymeric, il est composé des deux premières lettres grecques du mot Christ, Χριστός, le X et le P apposés l’un au-dessus de l’autre, sur les côtés tu trouves aussi quelquefois les lettres α et Ω, l’alpha et l’oméga, symbolisant le début et la fin. Parfois, ajouté à ces symboles, tu y trouveras le serpent, tu en connais la signification. Il est dit que ce serait l’empereur romain Constantin Ier qui l’aurait adopté en premier. La légende raconte qu’en 312, durant la bataille du Pont Milvius qui l’opposait à Maxence, Constantin Ier aurait vu le Chrisme apparaître en rêve, accompagné de ce message « In hoc signo vinces » (par ce signe tu vaincras. N.d.A.). 

    à suivre...

    Extrait 2 :

       Délaissant boutiques à souvenirs et animations se voulant moyenâgeuses, Jacques les dirige vers le cimetière templier, le rêve de cette nuit, le contact avec le Templier est encore frais dans sa mémoire.

    Là où, la veille, il avait eu cette vision du vieil homme assis, ils montent les marches taillées dans la roche et se retrouvent devant l’église Saint-Christol et tout à côté la petite esplanade où émergent encore quelques pierres levées en formes de disques, gravées de symboles bien effacés par le temps. Une de ces pierres discoïdales l’attire comme un aimant.

       — Est-ce celle que le Templier m’a dit être la sienne ? 

       — Impossible de le savoir chéri, mais ton visiteur nocturne repose sous nos pieds depuis presque sept cents ans, s’il est venu à ta rencontre c’est que sa tombe est là, visible, et que l’on peut y prier. Que ce soit celle-ci ou une autre ça n’a aucune importance, il est ici et là, il est partout dans ce petit cimetière où le temps et les hommes ont tout chamboulé. Ton Veilleur ne pouvait parler ni regarder une femme, mais moi maintenant je le peux. Laisse-moi me recueillir un instant, tu sais l’admiration que j’ai pour eux. Je voudrais tant qu’il m’insuffle une partie, même infime, de la volonté et de la force qui étaient la leur. Ces hommes étaient incroyables…

    Après un moment de silence elle se tourna vers Jacques et expliqua :

       — Regarde bien chéri, même si avec le temps et les aménagements qui ont passablement modifié les lieux, les stèles sont quasiment toutes alignées dans le sens est-ouest. Celles qui ne le sont pas ont été vraisemblablement remises en terre ultérieurement quand le site a été réaménagé sans précautions pour être voué au tourisme. Ces stèles discoïdales marquent l’emplacement des sépultures Templières, ici à la Couvertoirade. Mais nous en trouvons beaucoup en pays Basque, bien que sans lien apparent avec l’Ordre du Temple. Le Templier était enseveli dans la sarpillère (Linceul de grosse toile. N.d.A), sans cercueil, la fosse devait mesurer six pieds de long et autant de profondeur pour éviter toute profanation ultérieure. La forme carrée ou rectangulaire de la fosse et la forme circulaire de la stèle symbolisaient le passage du terrestre vers l’au-delà. Le même symbolisme que tu m’as montré dans l’église de Thines, le passage du carré Terrestre au cercle Divin. Elles sont toutes orientées, est-ouest, comme les églises cisterciennes. Le symbolisme est parfait le défunt étant orienté dans l’axe du levant, vers là d’où vient la Lumière et pour les Chrétiens, la Lumière vient de Dieu.

    Elle reste un instant songeuse et ajoute :

       — Pour les Chevaliers morts en Terre Sainte, sais-tu comment les corps étaient rapatriés ? L’art de l’embaumement ayant été perdu, ils ne ramenaient que les ossements, ce qui présentait des facilités pour le transport. Le corps était plongé dans un chaudron où il était mis à bouillir jusqu’à ce que les chairs se détachent des os. Ils ne rapportaient plus que des ossements. En 1300, le pape Boniface VIII y mit un terme en qualifiant cet acte de « détestable barbarie », aurait-il préféré que les moines-soldats soient oubliés en terre non chrétienne ? mais il est vrai que la fin de l’Ordre du Temple est en cours, il est bon de le discréditer.

    Il sent que sa chérie est ici dans son élément, elle visionne de ses propres yeux tout ce qu’elle connaît de l’ordre du Temple, dans le moindre détail.

    Ils se sont approchés de l’église, elle ne date pas des Templiers mais a été construite sur les bases de la chapelle du même nom, bien construite par les Frères du Temple un bon siècle auparavant. Ce qui l’attire, c’est ce qu’il veut montrer à sa femme dans le mobilier moderne de cette petite église.

       — Regarde, ne vois-tu rien qui t’interpelle ?

       — Oh mais bien sûr, je ne vois que ça, cette belle spirale en métal doré tout à côté de l’autel, ton signe compagnonnique, ça alors, quelle coïncidence !

    C’était dit sur un ton qui laissa Jacques interloqué un moment, Margaï riait.

       — J’ai comme l’impression que tu te moques de moi.

       — J’avoue, oui ! Je me moque, tu me l’as dit cent fois chéri, quand tu m’as raconté ton périple en solitaire.

       — Dis tout de suite que je radote.

    Il se vengea d’une tape sur les fesses qui la fit glousser de rire.

       — Viens, allons sur les remparts, il y a une vue extraordinaire sur le Causse, je vais te montrer mon païs vu d’en haut.

    Margaï est dans son domaine de prédilection, elle sait tout des Templiers et de leur Ordre et son amour pour le causse, quel que soit son nom, Larzac, Noir, Méjean ou Sauveterre, est infini.

       — A perte de vue, chéri, s’étendaient les domaines tenus par les paysans qui travaillaient pour les Templiers, ils y élevaient des chevaux en quantité pour leurs moines-soldats et leurs sergents d’armes, des brebis en troupeaux immenses, des vaches…Ils ont irrigué ces paysages austères, créé des pâtures, bref, ils ont fait de ces terres ingrates, « une pompe à fric », comme disent les jeunes aujourd’hui. Les commanderies finançaient les croisades, c’est qu’il en fallait de l’argent. 

    Il serre sa femme contre lui, un bras autour de la taille, une main sur sa hanche. Il se penche vers elle et appuie sa tête contre son épaule.

       — Que je suis bien avec toi !

       — Tu sais…j’avais quelques craintes avant de revenir ici, dans cette région, j’y ai tant de mauvais souvenirs, mais grâce à toi, tout est effacé, tu m’en donnes une autre vision par ta seule présence, elle hésite puis ajoute, c’est un peu comme après un exorcisme, je suis en train de revivre. Enfin je peux ressentir ce que je voulais y trouver, ma vie privée ne m’en masque rien. Tenir ta main et être en communion avec ces lieux, c’est le bonheur pour la femme et l’historienne que je suis.

       — Tu ne crains plus rien, plus personne ne te fera de mal, je le jure.

       — Je le sais.

    Parfois, un regard, une attitude, suffit à tout dire, ils avaient déjà trop parlé, tout avait été dit bien avant, dès le premier jour de leur décision de ne plus jamais se quitter.

    Le lendemain, ils levèrent le camp de bonne heure, la journée s’annonçait belle ...

    à suivre...

    Les chemins du Temps

     

     

     


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  • La révolte des muletiers

    "du temps où le sel était un impôt"

     ça s'est passé en Provence...

       Avec en toile de fond plusieurs événements historiques qui se sont passés en Provence sous le règne de Louis XIV, en ce début de Dix-huitième siècle, ce roman nous entraîne dans les pas de Julien, ce jeune garçon, paysan en pays de Verdon.

    Venez suivre les aventures de mon "héros", le jeune Julien qui sera, tour à tour :

    - amoureux de la petite Jeanne dans son charmant village de Saint-Julien le Montagnier,

    -faux-saunier...contrebandier du sel arrêté par les gabelous, en 1710,

    - condamné aux galères à Marseille,

    - survivant de la peste, ce fléau qui a frappé Marseille en 1720.

    La révolte des muletiers est l'histoire vraie de ces paysans en païs de Verdon qui se sont révoltés contre les gabelous ayant confisqué leurs seule richesse, leurs mulets. 

    Au fil de ce roman nous irons en pays de Verdon, dans le Luberon où sévit encore la chasse aux Vaudois, à Marseille dans l'Arsenal des galères frappé lui aussi par la peste de 1720, au pied de la Sainte-Baume dans cette belle vallée de Saint-Pons...et retour à Saint-Julien le Montagnier.

     

     

    Mon dernier roman historique

    image de couverture : la porte de Gourdane, dite "des Templiers" à Saint-Julien le Montagnier.

    photo jlF.

    Ce roman historique est disponible à la vente auprès de l'auteur, et avec plaisir, une dédicace personnalisée sur simple demande. 

    • Sur cette page par la rubrique commentaires ou contacts ou par mail : calypso-13@hotmail.com
    • Ou sur la plateforme d'Amazon mot clé : Jean Luc Fontaine + titre du roman.

     

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  •  La grotte du Templier

    ou

    Le dernier Templier de Provence.

     

    Mon dernier roman, La grotte du Templier

     

    Au Moyen-Âge, dans un village reculé de l'arrière-pays du Verdon, en Provence, Jehan, un jeune forgeron, va être entraîné dans la dernière croisade en compagnie des Templiers de Provence.

    Sa vie sentimentale va en être chamboulée mais l'amour que lui porte Agathe, la jolie sorcière, sera le plus fort.

    Dans une grotte secrète située dans la montagne qui surplombe son village, le dernier Templier de Provence va venir y finir sa vie en ermite avec la complicité de son frère d'armes Jehan.

    Un roman qui nous entraîne dans la tourmente de la dernière croisade et de la fin inéluctable de l'Ordre des Chevaliers du Temple.

    En compagnie de Jehan, Agathe et la petite fée Estello découvrons les mystères qui entourent la vie des derniers Templiers de Provence.

    Disponible chez Amazon  mot clé : Jean Luc Fontaine + titre du roman.

    Mon dernier roman, La grotte du Templier

     Ou directement en me contactant à calypso-13@hotmail.com, avec dédicace personnalisée.

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    Récit historique romancé.

    Une balade sur les lieux du roman ?

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    Mon dernier roman, La grotte du Templier

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  • Fidèle à mon thème favori, ce nouveau récit est un "roman de Provence".

    Pour ne pas oublier ces petites gens qui vivaient de presque rien,  enguentiécarbouniécaus-fournié, glaçaire et tant d'autres, et bien entendu...les masco.

    L'histoire se déroule au Dix-neuvième siècle dans un périmètre compris entre Signes, Mazaugues et un village aujourd'hui rayé des cartes dont il ne subsiste que quelques ruines qui lentement sont digérées par la végétation,  Meynarguette.

    La Fille aux yeux mauves

    ou une vie de masco en Provence.

         Les masco, ces femmes qui connaissaient les plantes, qui savaient entrer en communion avec la Nature et les forces qui nous dirigent. Bien entendu, elles étaient craintes car leur savoir était immense, que ce soit pour soigner une simple verrue, enlever le feu d'une brûlure, ou jeter un sort.

    Au Moyen-âge elles étaient condamnées au bûcher, on disait d'elles que c'étaient des sorcières.

    Cette histoire s'inscrit dans la lignée de mes romans qui nous rappellent combien était difficile la vie des "petites gens" dans notre belle, mais dure Provence du temps jadis.

    La fille aux yeux mauves

     Ce roman est disponible à la vente auprès de l'auteur, et avec plaisir, une dédicace personnalisée sur simple demande.

    • Sur cette page par la rubrique commentaires ou contacts ou par mail : calypso-13@hotmail.com
    • ou sur la plateforme Amazon mot clé : Jean Luc Fontaine + titre du roman.

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    un extrait:

    La jeune Iris depuis la mort tragique de sa mère, est devenue une masco, une sorcière,  sous la férule de sa grand-mère Bérarde, dite la Mamma. 

    Une femme de Mazaugues est venue nous supplier pour que son mari devienne impuissant.

    A notre grande stupeur, elle a ajouté en riant :

       — Oui mais oh, attention, temporairement què ! Je ne veux pas que ça dure trop.  Il s’est fait charmer par la Claudette, la femme du puisatier de Rougiers, le bedigas qui ne trouve jamais d’eau. Celle-là, elle est toujours en chaleur, elle lui a fait les yeux doux et maintenant il fait le beau devant elle, il met même de l’eau de Cologne en faisant sa toilette sans attendre le dimanche, et il se frise la moustache en se regardant dans la glace. Quant à moi, il ne me regarde plus et surtout, le soir, sous l’édredon, il ne me réchauffe plus les fesses comme au temps de notre mariage. Pour le calmer je voudrais qu’elle l’humilie, comme ça, après il me reviendra, c’est sûr !

    Cette dame en souffre de voir son mari aller sur la paille avec d’autres femmes alors qu’elle, jeune et très belle ne demande qu’à être aimée.

       — Il me donne tellement de plaisir quand il me prend, o fan, comme je me l’aime celui-là…

    Elle essuya une larmette et ajouta :

       — Voilà quelques sous, c’est tout ce que j’ai, ce sont mes économies faites en tressant des paniers, ça suffira pour ce que je demande ?

    Nous nous sommes regardées avec Mamma, j’ai vite compris que nous aurions fait ça gratuitement, si la pauvrette avait été sans le sou. Mais ça, il ne faut jamais le dire, ce serait un aveu de sensibilité et pourrait nous nuire, alors, j’ai ajouté :

       — C’est un peu juste, alors en plus vous me confectionnerez un beau gâteau, ça fera plaisir à mon père.

    La jeune dame a souri, j’ai vu une larme humidifier ses yeux, elle s’est contentée de hocher la tête en signe d’acquiescement puis a ajouté après un instant de réflexion :

       — J’y mettrai beaucoup de chocolat, il doit aimer ça, non ? ça nous a fait de la peine son grand malheur, surtout quand le curé a refusé qu’elle soit enterrée dans le cimetière du village. J’étais une petite fille à l’époque, j’en avais pleuré. C’est de l’histoire ancienne, mais quand même, je trouve que vous avez beaucoup de courage. 

    Quand nous avons été seules, Mamma m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit :

       — Ma petite Iris, tu vois, les gens se détournent de nous devant le monde, mais quand ils ont besoin de notre pouvoir, ils nous le disent qu’ils nous aiment bien, je la connais cette femme, elle est bien gentille et ce qu’elle a dit, elle le pense. Ecoute-moi, nous allons mettre en pratique le sort qui permet de nouer l’aiguillette, mais attention, il ne faut pas faire d’erreur, est-ce que tu te souviens de la formule magique ? C’est un des sortilèges les plus anciens que je connaisse mais c’est toi qui vas agir, je serai juste là pour te voir œuvrer. Il ne faut pas faire d’erreur au risque de rendre le sortilège irréversible.

       — Oh oui Mamma, celle-là de formule magique, impossible de l’oublier, elle m’amuse beaucoup.

    Il faut dire que l’aiguillette est une sorte de lacet qui permet de fermer la braguette, les hommes d’ici ne connaissent pas encore les boutons à la mode dans les villes, et ils s’habillent encore à l’ancienne.

    Bien formulé, ce n’est pas un sortilège bien méchant.

    L’aiguillette, sous ce charme, se noue de telle sorte que l’infortuné bonhomme n’arrive plus à ouvrir sa braguette quand il a envie de faire l’amour, plus il essaie, moins il y arrive, il s’énerve et se sentant ridicule, il perd tous ses moyens...

     

    **************

     Note de l'auteur :

    Un lexique, en début d'ouvrage reprend tous les mots ou expressions d'origine provençale qui sont utilisés dans les dialogues afin de se familiariser, le cas échéant, avec notre belle langue provençale si riche et chantante.

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